REVIEW ROUTE DU ROCK 2010

[Ivlo Dark]

Des retrouvailles avec le fort Saint Père, un pèlerinage estival pas si loin de chez-soi …. Et encore moins de chez beau papa et belle maman. Merci à eux au passage pour l’hospitalité si importante pour notre confort post concerts, sachant que nous n’avons plus 20 ans …
20 ans justement ou plutôt non 20ème édition du festival malouin avec un Vendredi en petit comité … Retour du boulot et le besoin de décompresser. Jetons et gobelets achetés, placement idéal pour la présentation live du futur album de YANN TIERSEN. Entrée acclamée des 16 protagonistes sur la scène, un proche voisin en tombe à la renverse (sans doute plus la fatigue que l’émotion)
TIERSEN nous dévoile DUST LANE de manière peu orthodoxe pour le virtuose, un certain Frédéric B me dira de la prestation qu’elle était « pathétique » … C’est malheureusement avec grand regret que j’abonde dans ce sens. La plus mauvaise des huit prestations vues du breton : Des musiciens certainement pas encore rodés qui s’enlisent dans une bouillie sonore indigeste bien aidés pour cela par une sono qui crache plutôt qu’elle ne susurre. L’idée d’innover vers une tendance chœurs-électro-rock-classique est louable mais ne sert pas l’œuvre. Les rares moments d’éclaircies viendront des « classiques » tel KALA, SUR LE FIL, LE TRAIN, L’APPARTEMENT, LE QUARTIER. Trop peu pour combler un ensemble bien décevant.
Rafraichissement des oreilles et du gosier pendant le set des biens nommés BLACK ANGELS … comme si le fantôme de Jim avait pris sa retraite du Père Lachaise. Belle présence des anges noirs mais l’attitude post garage 60’s me laisse finalement de marbre.
Replacement devant le lieu des hostilités, celles des ricains de LIARS. Ma chère et tendre dira que c’est du « déjà vu » et elle n’aura pas tord. On surfe du coté de clones light des enfants de Sonic Youth qui auraient bradé leurs mélodies bruitistes pour les pitreries communicatives de The Hives … L’art sonique et scénique du leader désopilant rend au moins le tout assez fun, Le public est à l’unisson comme ces chiens mécaniques à l’arrière des autos ! Seule la colonne effet vox n’en sortira pas indemne.

Après une bonne nuit de sommeil, un bon pti brunch bien british (fréquentation massive des britons sur le festoch oblige) et l’apéro d’accueil des nouveaux venus, direction le fort armé de coupe-vent et autres protections contre le ciel qui transpire.
MARTINA TOPLEY BIRD remercie le public courageux … Le concept n’est pas nouveau et bien connu des clients des thermes de ST MALO : musique et bain de boue, histoire d’adoucir les mœurs. Quelques notes divines de la belle et sa robe de princesse rouge sur OVERCOME avant le rappel rugueux de TOO TOUGH TO DIE … Le batteur ninja plein de prouesses nous dit « adieu », l’ex muse de Tricky nous invite d’un « au revoir » …




Craquage devant la boutique merchandising, puis rencontres imprévues avec des pèlerins se rappelant encore de la tête d’affiche du millésime 2005 (çà aide d’avoir le T-shirt floqué de la silhouette de Dieu) puis au bar un ex animateur de radio local dont le vocable « pathétique » (cf plus haut) résumait bien la frustration de la veille.
Avec mes comparses Briochano-dinanais, Saintenais, Ovillois et Lyonnais la lutte pour ne pas glisser dans la gadoue devenait de plus en plus difficile … L’idée d’ancrer les godasses dans la mélasse n’était pas si bête surtout que FOALS faisait son apparition peu après que la pluie eu cessé son jeu de trouble fête. Le son était (enfin) nickel et la musique du groupe passant des nappes progressives aux riffs saccadés annonciatrices d’un bon moment. Sauf qu’au bout du 6ème titre on se retrouve enlisé dans la même rengaine avec le chant épileptique du leader accentuant l’impression de chute continue. Dommage car sur galette le groupe exprime un beau potentiel mais en cette fin d’après-midi l’impression d’ensemble est mitigée. Néanmoins, rien que pour entendre la version on stage de BALLOONS çà méritait le détour.

La nuit est tombée sur le site … Tunde Adebimpe (TV on the radio) ouvre HELIGOLAND d’un inquiétant PRAY FOR RAIN mais personne en ce soir ne veut qu’elle revienne. La foule est plus dense, plus impatiente de voir ou de revoir MASSIVE ATTACK … le noir le plus total et des clameurs lorsque le combo de Bristol fait son apparition.
UNITED SNAKES jailli des enceintes et c’est une frénésie sonore qui s’empare de nous, 3D est d’humeur trépidante et le groupe au diapason … 2 batteurs pour faire claquer encore plus fort le son massif qui s’instaure … BABEL pour calmer les esprits … RISINGSON pour que la chaleur abrasive reprenne de plus bel. L’ambiance hypnotique prend le dessus, rondement étayée pas un light show en ombre chinoise et néons algorithmiques sublime. L’artillerie est lourde sur GIRL I LOVE YOU, le plaisir intense de retrouver la voix sensuelle et avec suite du légendaire Horace ANDY … La version de BULLET PROOF est tout bonnement spatiale (un bien meilleur rendu que sur 100th window) … INVADE ME en surprise du chef, titre inédit qui laisse à penser que la patte soul de Martina Topley Bird est bien présente, ce qui ne gâche rien au plaisir ! La belle enchaine sur un TEARDROP moderato qui ne fera pas oublier le lyrisme de Liz Fraser. Il n’empêche que le 3ème album du groupe est à la noce, le morceau titre MEZZANINE inonde d’un esprit dantesque les convives du festin rempli de vrombissements cathartiques … La cerise douce-amère sur la gâteau avec un ANGEL qui prend aux trippes du bien nommé (ou pas) trip-hop, sans aucun doute la version la plus dense que j’ai pu entendre : la claque sur chaque montée d’adrénaline ! INERTIA CREEPS et une foule en délire sur les ornements orientaux dark à souhait (à moins que cela ne soit pour réagir aux messages anti-sarko ?) … L’entrainant SPLITTING THE ATOM histoire d’admirer le déhanché au ralenti de Daddy G et de se délecter des vibes roots d’Horace tranchant avec le débit monocorde du 3ème larron … Deborah Miller aura moins de chance avec SAFE FROM HARM : ce seul titre pour la soirée et le tout étouffé par une basse trop imposante … Rappel beaucoup trop court : ATLAS AIR bien exécuté mais sans qu’un KARMACOMA ou/et un UNFINISHED SYMPATHY n’achèvent le tout en apothéose.



Repos en mode camping avec la bande des six trentenaires que nous sommes au bar de l’entrée, histoire d’admirer le jeu de jambe des barmans sur la boue, fus de binouse à la main (intervillissime !) La musique des TWO DOOR CINEMA CLUB en guise de fond sonore … Visiblement le public s’éclate sur les morceaux du dernier opus qui s’enchainent avec vitesse et humeur « sunny and hot » On est loin du dogme « glad to be sad » précédent mais l’attitude pop-rock opère elle aussi à merveille.

Fin des deux jours, le lendemain la balade à St Lunaire pour respirer le bon air de Bretagne à la sauce fez-noz et crachin qui n’altèrera pas la syntonie du groupe.
Voilà placer « syntonie » c’est quand même un bon début pour postuler à Télérama ou les inrocks non ?